Ah… les couleurs, les variations et les mélodies de la francophonie québécoise. Le langage québécois a su se réapproprier un phrasé et un vocabulaire qui lui est propre. Le vocabulaire automobile est l’exemple parfait pour illustrer cette « parlure » québécoise. Ce champ lexical intègre tellement de mots qui diffèrent du français académique qu’il est parfois presque impossible pour un francophone non québécois de comprendre la signification d’une directive de conduite basique, pourtant très couramment utilisé au pays (enfin dans La Belle Province).
Le vocabulaire automobile au Québec : La guerre des mots
Pour un francophone non québécois, je vous assure qu’il est assez rare de se faire inviter à
embarquer dans un char. Son esprit dessine instantanément l’image mentale d’un véhicule blindé utilisé sur les champs de bataille : le fameux
char d’assaut. Rien de bien rassurant donc.
Amis visiteurs de passage au Québec, rassurez-vous tout de suite : le mot
char est simplement
le terme le plus couramment utilisé pour désigner une voiture. Il tire son origine du vieux français, il est de la même famille que le char à voile, la charrette ou la charrue.
Comme si le clin d’œil au char d’assaut ne suffisait pas, vous entendrez souvent dire au Québec «
je dois aller tanker le char ». Décidemment, cela fait beaucoup de termes guerriers puisque le tank est également un véhicule blindé utilisé pour les combats au sol. Pourtant, dans ce contexte et dans la bouche d’un québécois, le terme est emprunté aux voisins américains, de l’anglais « tank » qui veut dire réservoir. D’ailleurs le terme a été déformé et vous entendrez plus couramment dire « je dois aller tinker le char ».
Enfin, pour couronner le tout, les québécois
chauffent leur char, ce qui de toute évidence, ne doit pas apaiser les conflits armés !
Le vocabulaire automobile au Québec : Des anglicismes par centaines
Bien que les québécois se défendent d’appauvrir leur langue en y insérant des termes appartenant à leurs voisins anglophones, force est de reconnaitre qu’une sacrée quantité d’anglicismes se sont tout de même glissés dans l’usage courant de la langue. C’est tout particulièrement flagrant en étudiant le vocabulaire mécanique et automobile du Québec.
Voyez plutôt cette liste non exhaustive de termes utilisés dans le vocabulaire automobile :
Câbles à booster : il s’agit des câbles à pinces crocodile (
cable à booster).
Breake à bras : frein à main (aussi orthographié
break à bras).
Bumper (à prononcer à l’américaine) : pare-choc
Clutch : c’est la pédale d’embrayage (
clutch)
Dash : tableau de bord
Un lift : C’est un trajet, très utilisé pour dire qu’on ramène quelqu’un en voiture (
lift)
Flat : un pneu creuvé (
flat)
Flasheur : clignotant, ou feu de détresse
Muffler (à prononcer à l’américaine) : il s’agit du pot d’échappement (
muffler)
Stâler (à prononcer à l’américaine) : tomber en panne, faire caller le moteur
Ticket (à prononcer à l’américaine) : une amende
Tire (à prononcer à l’américaine) : pneu (
tire)
Pick-up : camionnette
Windshield (à prononcer à l’américaine) : pare-brise (
winshield)
Wiper (à prononcer à l’américaine) : essuie-glace
Le vocabulaire automobile au Québec : Quiproquos et curiosités
Comme dans beaucoup de contextes, le langage québécois peut décontenancer certains francophones non aguerris. Voici quelques expressions et quelques termes utilisés couramment au Québec, mais qui peuvent en surprendre plus d’un lorsqu’on ne les connait pas.
Met ton sac dans la valise : La
valise désigne le coffre arrière d’une voiture. Ça surprend la première fois, mais on s’y habitue très vite.
Dans le miroir d’une voiture, on ne se repoudre pas le nez : Au Québec on ne parle pas de rétroviseur, mais on dit « un miroir ».
Lorsque vous passez au dépanneur, ce n’est pas parce que votre voiture est en panne. Le
dépanneur est une petite épicerie de quartier, souvent ouverte tard le soir (
voir la vidéo du dépanneur au Québec). D’ailleurs, c’est souvent au dépanneur qu’on va faire « tinker le char », puisque la plupart de ces petits commerces sont équipés de pompes à essence.
Enfin, lorsque vous arrivez devant le dépanneur et que vous voyez le prix de l’essence affiché à 3 dollars canadiens, rassurez-vous : c’est le prix d’un
gallon d’essence, qui représente environ 3,8 Litres (bien que cet affichage ait tendance à disparaitre au profit du prix au litre).